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inspirée de l’exemple de l’Afrique du Sud, le contribuable marié ne paiera pour sa famille que s’il a plus d’une femme. Le taux de l’imposition sera fixé dans chaque région par une ordonnance ; l’indigène recevra en acquit un reçu qui le garantira contre toute vexation ultérieure[1].

Ces mesures sont nécessairement incomplètes. Le programme que le gouvernement belge s’est assigné ne peut se réaliser sans tâtonnemens. Si M. Buchanam estime qu’il faudra dix ans au gouvernement anglo-indien pour supprimer la production de l’opium[2], il semble que l’on aurait mauvaise grâce à ne point faire quelque crédita la Belgique, pour extirper l’impôt en travail au Congo. Dès aujourd’hui, la situation sociale des indigènes ne peut plus soulever de griefs sérieux contre la colonie belge. Le danger pour elle réside ailleurs ; il n’est plus au dedans, il est au dehors.


III. — LES RELATIONS INTERNATIONALES

Le 22 juin 1908, M. Dernburg, ministre des Colonies allemandes, revenant d’un voyage d’enquête dans l’Afrique orientale, était reçu solennellement par la ville de Johannisburg. Au banquet officiel qui lui fut offert, le président de la Chambre des mines, M. Lionel Phillips, célèbre surtout par sa participation au Raid Jameson, prélude de la guerre anglo-boer, prononça un discours significatif[3]. — Remerciant M. Dernburg de sa présence, au nom de l’ « Afrique du Sud, » il constatait avec fierté les changemens merveilleux réalisés au cours des vingt-cinq dernières années, dans ces régions. « Aujourd’hui, disait-il, la conception générale tend à considérer l’Afrique du Sud comme s’étendant de plus en plus vers le Nord, » et l’on peut déjà imaginer le Continent comme divisé en deux parties. La moitié Sud s’étendrait jusqu’aux environs de l’Equateur, près de la frontière méridionale du Cameroun allemand et comprendrait « une partie du Congo français, presque la totalité de l’Etat du Congo et toutes les possessions portugaises à l’Est et à l’Ouest, ainsi qu’au Sud-Ouest et à l’Est, ce qui appartient à l’Allemagne dans ces parages. Enfin, ces possessions engloberaient l’Uganda,

  1. Décret du 2 mai 1910.
  2. Discours à la Chambre des Communes, 22 juillet 1908.
  3. Le texte complet du discours a paru dans le Transvaal Leader du 23 juin 1908.