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volontaire ; le ministre des Colonies annonçait à la Chambre des députés, le 9 février dernier[1], que ces efforts étaient sur le point d’aboutir : « Une lettre de M. Adam, datée de Ponthierville du 24 novembre, m’annonce qu’il a licencié tous les travailleurs d’utilité publique du premier tronçon et du bief Ponthierville-Kindu ; qu’en vue de la paie en argent, tous se sont rengagés librement, pour trois ans, par contrat régulier reçu par le magistrat sans intervention du service administratif. M. Adam m’écrit en même temps qu’il va licencier de même tous les travailleurs du second tronçon et qu’il est certain de réussir. Quant aux travailleurs de l’avancement, il croit devoir attendre quelque temps encore. En conséquence, conclut M. Adam, la levée des travailleurs d’utilité publique peut être supprimée. Telle est, messieurs, l’histoire exacte de cette réforme, et c’est pour moi une très grande satisfaction d’avoir pu l’accomplir. »

Quant à l’impôt en travail proprement dit, le gouvernement belge entend le supprimer : « L’application du nouveau régime économique déterminera une modification profonde de la législation fiscale. L’impôt actuel se perçoit en argent, en vivres ou en produits. La diffusion de la monnaie et l’extension du commerce permettront de décider qu’en principe l’impôt se percevra en argent, sauf à prendre les mesures qu’exigeront, dans certains cas, le bien et la tranquillité des populations[2]. »

La première disposition à prendre pour arriver à ce résultat était la diffusion du numéraire. Sous l’action mesurée, mais constante du gouvernement, il a été introduit, la première année qui a suivi l’annexion, 1 020 000 fr. de pièces d’argent qui, jointes aux 284 000 francs de billon, constituent une masse monétaire de près de 2 millions de francs dont l’indigène dispose dans ses relations avec le fisc. Il est nécessaire de progresser lentement dans cet ordre d’idées. La surabondance du numéraire en amène immédiatement la dépréciation et l’augmentation du coût de la vie. Dès aujourd’hui, l’impôt est perçu en argent dans les districts du Bas-Congo et du Stanley-Pool, parmi certaines peuplades de l’Oubanghi, de l’Equateur, de l’Aruwimi et du Kwango[3]. Il en sera de même dans toute la colonie au fur et à mesure qu’elle sera ouverte au commerce.

  1. Annales Parlementaires, p. 498-499.
  2. Exposé des motifs du budget colonial de 1910.
  3. Discours du ministre des Colonies, 19 décembre 1909.