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L’Etat du Congo ne s’arrêta point à ces difficultés ; il se mit immédiatement à l’œuvre. Après dix-neuf mois d’une lutte acharnée, la puissance arabe fut anéantie. Les noms de tous ceux qui tombèrent dans cette campagne ne seront point oubliés. L’histoire de l’héroïque petit sergent de Bruyne notamment, qui, plutôt que d’abandonner son chef prisonnier, préféra mourir avec lui dans les plus horribles supplices, n’est pas seulement la gloire d’un pays ; elle est l’honneur de l’humanité.


L’un des plus graves problèmes sociaux qui se posent dans les pays neufs, est l’organisation du régime des impositions.

Que demander à des indigènes qui n’ont pour tout bien qu’une hutte, quelques armes, de rares plantations ? L’idée d’imposer une certaine somme de travail naît d’autant plus facilement qu’elle résout du même coup une autre question difficile : celle-de la main-d’œuvre. Les quelques centaines de Zanzibarites et d’hommes de la côte avec lesquels Stanley entreprit, en 1882, la fondation des premiers postes de l’Association internationale africaine, ne pouvaient suffire longtemps. Lorsque l’on sortit de la période d’occupation pour aborder la colonisation proprement dite, on fut forcé de trouver la main-d’œuvre sur place, et comme elle ne se présentait point, il fallut chercher les moyens de provoquer l’offre de bras. C’est l’origine de l’impôt en travail, la plus critiquée des institutions de l’Etat du Congo.

Il ne manque cependant point d’argumens pour la justifier. La commission d’enquête de 1904, peu suspecte de partialité,