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UN MORALISTE D’AUTREFOIS

JOUBERT[1]
D’APRÈS DES DOCUMENS INÉDITS

Voici soixante-douze ans que Sainte-Beuve, alors sous le charme de l’Abbaye-aux-Bois, le révélait aux lecteurs de la Revue. Nous le connaissons aujourd’hui un peu moins imparfaitement que du temps de Sainte-Beuve. Peut-être n’est-il pas sans intérêt de revenir un moment à lui.


I

Joseph Joubert est né non pas le 6, — comme on le dit généralement, — mais le 7 mai 1754, à Montignac, dans la Dordogne. C’était, donc un compatriote de Montaigne, de Fénelon, de Montesquieu. Si prévenu qu’on le puisse être contre ceux qui veulent tout ramener aux influences ethniques, il est bien permis de noter, entre ces divers écrivains, un certain air de

  1. Notice historique, s. I. n. d. [1824] (cet opuscule biographique, œuvre presque inédite du frère de Joubert, a été reproduit par nous en tête d’une réimpression annotée que nous avons publiée récemment de l’édition originale des Pensées, Paris, Bloud, 1909, in-16) ; — Pensées et Correspondance de J. Joubert, publiées par Paul de Raynal, 10e édition, 2 vol. in-16 ; Paris, Perrin ; — les Correspondons de J. Joubert, lettres inédites publiées par Paul de Raynal, 2e édition, 1 vol. in-16 ; Paris, C. Lévy, 1885 ; — G. Pailhès, Du nouveau sur J. Joubert, 1 vol. in-16 ; Garnier, 1900. — Cf. Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. II ; Causeries du lundi, t. I ; Nouveaux lundis, t. III ; Chateaubriand et son groupe littéraire ; — James Condamin, Essai sur les Pensées et la Correspondance de J. Joubert, 1 vol. in-8 ; Didier, 1877 ; — Jules Lemaitre, les Contemporains, t. VI.