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BISMARCK ET LA PAPAUTÉ
LA GUERRE (1870-1872)

IV[1]
LES DÉBATS SCOLAIRES. — L’INCIDENT HOHENLOHE — LA LOI CONTRE LES JÉSUITES

Un soir de 1868, la Gazette de la Croix, pour gagner à la Prusse l’âme rétive des Hanovriens, leur tenait à peu près ce sermon : « Vous n’aviez, dans les petites monarchies allemandes, que des boulevards insuffisans contre les deux fléaux des sociétés modernes, la démocratie et la libre pensée. Vous n’étiez pas assez protégés, vous le serez bien mieux par cette glorieuse royauté prussienne qui est ici-bas le champion de Dieu, le bras droit du conservatisme religieux et politique. »

Les Hanovriens étaient demeurés sceptiques ; et, moins de trois ans après, en février 1871, la glorieuse royauté prussienne leur avait subitement annoncé que chez eux les services d’inspection scolaire, jusque-là confiés aux pasteurs évangéliques, allaient être laïcisés. Curieuse façon de les protéger ! Elle choisissait leurs villes, leurs bourgades, pour se déshabituer d’agir en champion de Dieu.

C’est qu’entre 1868 et 1871, à côté des vieilles idées prussiennes, qui garantissaient à Dieu la protection du Roi, d’autres idées avaient réclamé leur place, au grand soleil de l’Empire. La nécessité de cimenter l’Allemagne n’exigeait pas seulement

  1. Voyez la Revue des 1er janvier, 15 février et 15 avril.