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incendies des missions, des douanes, des postes à Shang-Sha, capitale du Hou-nan, le 14 avril dernier, les désordres de Hankow, quelques jours avant, sont de leur fait. C’est parmi les étudians revenus du Japon que se recrutent les plus ardens révolutionnaires. Un journal chinois parle de l’arrestation à Nankin d’un de ces étudians.

Il avoue être venu pour s’informer de l’état de l’armée du nouveau vice-roi et des moyens dont la police dispose. Dans les contrées riveraines du Yang-tze-Kiang, près de 15 000 hommes du peuple ainsi que de nombreux notables et fonctionnaires formeraient l’armée révolutionnaire. D’après le rapport du gouverneur du Hou-nan, un autre étudiant qui a aussi vécu au Japon, a été arrêté et décapité. Au moment de mourir, il a déclaré que 50 étudians sont arrivés en Chine, envoyés spécialement du Japon par Chen-Oueng, chef révolutionnaire, avec mission d’exciter le peuple à la révolte et de l’engager à entrer dans leur société secrète. Il se forme une caste nouvelle, celle des mauvais étudians : elle se recrute parmi les nombreux candidats qui n’ont pu forcer l’accès des écoles supérieures, souvent faute d’argent, et qui, malheureux et mécontens, sont prêts à tous les méfaits. La police les surveille, c’est entre elle et eux une guerre déclarée. D’autre part, la masse des lettrés a été entraînée dans les réformes d’éducation malgré sa volonté. Les mandarins n’ont aucune sympathie pour le nouveau mouvement, nous avons vu pourquoi. Ils n’osent s’y opposer ouvertement, mais ils considèrent l’enseignement moderne comme niais et futile ; ils suscitent tous les obstacles qu’ils peuvent trouver sans se compromettre. Certains se sont fait inscrire dans les ligues de la nouvelle éducation pour la trahir. Il faut rappeler que, pendant des siècles, l’opinion publique et politique ont été contrôlées par les lettrés non fonctionnaires. De leurs rangs sont sortis tous les mandarins qui surveillent la politique nationale. Or, dans le ministère d’éducation, tous les fonctionnaires proviennent de la vieille école et leur instruction moderne est à peu près nulle. Ils sont hostiles aux nouveautés. Des Chinois gradués dans les écoles modernes de Chine, ou dans les Universités étrangères, sont candidats perpétuels. Un petit nombre seulement est appelé à un emploi. Les conséquences de cet antagonisme sont visibles. Déjà paraissent des brochures et des journaux anarchiques. Ils s’appuient sur les principes de