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briser cette ligne de circonvallation : le succès de sa grande manœuvre était à ce prix.

De ces villes, greniers et étapes de Paris, Compiègne et Soissons étaient les principales. On négocia l’achat de Soissons que l’on obtint, un peu plus tard, de la vénalité de son gouverneur, Guichard Bournel (mai 1430).

Restait Compiègne.

A Compiègne, il y eut plus de difficultés. La place s’était remise volontairement entre les mains du Roi par une composition signée à Crépy-en-Valois, le 18 août 1429. Il avait été entendu que le capitaine serait à la nomination de la ville et des gens du Roi[1]. Le Roi avait attribué la capitainerie au sieur de La Trémoïlle : mais celui-ci, comme il avait été convenu probablement, l’avait passée à un homme de guerre « de sa compaignie, » ayant de solides attaches dans le pays, Guillaume de Flavy. (Procès, V, 174.)

C’est à Compiègne que s’étaient manigancées les funestes trêves du 28 août 1429. Le Duc de Bourgogne insista pour obtenir, pendant la période des trêves, la garde des villes de l’Oise, Pont-Sainte-Maxence, Creil, Compiègne. La promesse fut faite par le Roi, mais, à ce qu’il semble, oralement, de remettre ces places entre les mains de Jean de Luxembourg, le lieutenant favori du duc Philippe[2]. On livra Pont-Sainte-Maxence : mais Compiègne ne voulait entendre parler du Bourguignon à aucun prix.

Le Duc de Bourgogne se retourna vers le Roi et exigea l’exécution de la promesse[3]. Le Roi et ses ministres s’employèrent, avec une activité extrême, en faveur du duc de Bourgogne. Le chef de la Commission royale dans ces régions, le

  1. La plupart des textes relatifs au siège de Compiègne sont réunis dans le précieux recueil de Pièces justificatives publié par M. P. Champion à la fin de son étude sur Guillaume de Flavy (p. 137 et suiv.). — Voyez aussi, pour les délibérations du Conseil de la ville, la Prise de Jeanne d’Arc à Compiègne, par Alexandre Sorel, 1889, in-8.
  2. Charles VII reconnaît implicitement cet engagement lorsqu’il écrit, un peu plus tard : « Et, au regard des dites villes de Compiègne et de Creil, il peut estre que, en prenant lesdites abstinences (trêves), il fut appointé que la place de Pont-Sainte-Maxence et la ville de Compiègne seroient mises aux mains de nostre dict cousin de Luxembourg durant ycelles abstinences… »
  3. « Item, que Mgr le Duc de Bourgogne est mal content de ce que ceste ville est réduite en la main du Roy, et que ceste dicte ville, avec Creil, Compiègne et Senlis, estoient en sa garde, par traité fait avec le Roy, et avoit intention de sommer le Roy de entretenir ledict traité et aussi de avoir en sa dicte garde ceste dicte ville… »