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de ce groupe, en général effacé et négatif, les assesseurs.

Il n’y a rien de plus à dire des trente-cinq autres assesseurs qui ne siégèrent qu’une fois, ne firent qu’entrer et sortir par prudence ou par curiosité. On compte aussi là des médecins, quelques avocats donnant des consultations par écrit : menu fretin.

L’attitude du haut clergé rouennais, dans son ensemble, ressort d’un fait infiniment plus grave, c’est l’intervention du chapitre de Rouen, en tant que corps délibérant et opinant. Représentant l’archevêque, il accorda la délégation de territoire à l’évêque de Beauvais. Puis, saisi, par celui-ci, des douze articles qui résument, si traîtreusement, les interrogatoires, le chapitre qui est exactement renseigné par ses membres présens au procès et par la rumeur publique, le chapitre après avoir hésité, après avoir même refusé de se prononcer jusqu’à ce qu’on ait reçu l’avis de l’Université de Paris, voit soudainement sa majorité se transformer et il formule, le premier, la sentence mortelle : Nobis videtur fore hæretica ; « à notre avis, elle est hérétique. » Une minorité honorable de huit ou dix membres s’opposa à cette décision ; on pense même que deux membres du chapitre, J. Basset official et J. Leroy promoteur, furent, à cette occasion, tenus en prison.

La majorité, composée de vingt et un membres, n’en donne pas moins avec ensemble, dans tous les actes du procès. Les plus compromis sont (outre les universitaires, Maurice et Beau-père), Barbier, Couppequesne, de Venderès, Raoul Roussel, le futur archevêque de Rouen, qui, plus tard, prépara si bravement le retour de Rouen à la domination française, et celui qui fut, de tous, le plus infâme, Loyseleur.

Nicolas Loyseleur (Aucupis) forme, avec Midy et Beaupère, le groupe qui vit dans l’étroite intimité de Cauchon et travaille avec lui. Né à Chartres en 1390, chanoine de cette ville, il vient à Rouen, en 1421, pour y usurper un canonicat vacant par l’absence de Martin Ravenot, resté fidèle à la France. Le voilà engagé et, selon son caractère, enragé. Il est l’agent de main de toutes les ruses du mauvais juge. C’est lui qui est le faux greffier des premières audiences ; c’est lui qui se déguise et se fait passer pour Lorrain, afin d’extraire les confidences de la Pucelle ; c’est lui qui trahit les confessions de la pauvre fille et qui feint de lui porter intérêt pour lui souffler des conseils