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grand âge, soixante-dix ans, il ne se souvenait plus qu’il eût été au procès, ni qu’il eût émis une opinion, et il s’en tint à quelques détails non compromettans.

Parmi les autres juges ou assesseurs, six devinrent évêques par la suite et peuvent être, comptés parmi les personnages considérables : c’est Gilles de Duremort, cistercien, évêque de Coutances, en 1439 ; Jean Lefèvre, ermite de Saint-Augustin, évêque de Démétriade en 1441 ; Richard Prati, Anglais, évêque de Chincester en 1438 ; Raoul Roussel, archevêque de Rouen en 1444 ; Pasquier de Vaulx, futur chancelier d’Angleterre, évêque de Meaux en 1435, puis évêque d’Évreux en 1439, et enfin évêque de Lisieux et successeur de Cauchon ; il mourut le jour où Charles VII faisait son entrée dans sa ville épiscopale ; Robert Ghillebert, Anglais, évêque de Londres en 1436.

Au total, y compris Cauchon et les trois cardinaux, quatorze prélats et évêques se prononcèrent, au procès, pour la condamnation de la Pucelle.

Il faut joindre dix abbés des grandes abbayes normandes, mitres comme des évêques : Robert Jollivet, du Mont Saint-Michel, Gilles de Duremort, abbé de Fécamp, Nicolas Leroux, abbé de Jumièges, Jean Moret, abbé de Préaux, Guillaume, abbé de Mortemer dans le Vexin français, Jean, abbé de Saint-Georges de Roscherville, Guillaume Conti, abbé de la Trinité du Mont-Sainte-Catherine, Guillaume Lemesle, abbé de Saint-Ouen, Thomas Fricque, abbé du Rec, Guillaume Ronnel, abbé de Cormeilles. Ces hommes, dont les deux premiers faisaient partie du Conseil royal et comptaient parmi les plus utiles auxiliaires de la domination anglaise, avaient été, pour la plupart, nommés à leurs bénéfices par le nouveau pouvoir. On ajoute qu’ils furent triés avec soin parmi les soixante chefs des abbayes normandes. Ils furent secondés par trois prieurs : Pierre de la Cricque, prieur de Sigy, Guillaume Le Roure, prieur de la collégiale de Saint-Lô de Rouen, Pierre Migiet, prieur de Longueville, un des principaux aides de Cauchon, mais qui, au procès de réhabilitation, eût bien voulu faire croire qu’il avait été favorable à la Pucelle et clama l’innocence de la victime, ne trouvant d’autre excuse pour lui et ses pareifc que la peur. (Procès, II, 300, 360.)

Une soixantaine d’assesseurs forment la foule des neutres et des médiocres qui tourbillonna autour du tribunal et inscrivit