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C’est Regnault de Chartres qu’on envoya « outre Seine » avec le maréchal de Boussac. Elle comprit enfin quel était le vrai sens du mot « délivrance, » tant répété par les voix, — à savoir que la délivrance serait la mort[1].

Alors, elle prit son parti vivement et bravement ; elle rompit, en elle, les derniers liens qui l’attachaient à la terre et prononça, devant les juges, le clair et loyal : « J’aime mieux mourir. » Si elle proféra aussi le cri de tous les sacrifiés : « Mon Dieu, mon Dieu, vous m’avez abandonnée, » seuls, les murs de la prison le surent.

  1. Voici ses paroles, à ce sujet, dans la séance du 13 mars : « Sainte Catherine m’a dit que j’aurais secours. Je ne sais si ce sera d’être délivrée de prison ou si, quand je serai en jugement, il viendra quelque trouble par le moyen duquel je pourrai être délivrée. Le secours me viendra, je pense, de l’une ou de l’autre manière. Au surplus, mes voix me disent que je serai délivrée par une grande victoire, et elles ajoutent : Prends tout en gré ; ne te chaille de ton martyre ; tu viendras finalement au paradis. « — C’est probablement à cette date que la seconde interprétation prévalut dans son esprit.