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quotités de produits en rapport avec les progrès de l’agriculture moderne ; les communes, sur leurs landes ou pâtis trop maigres pour offrir un pâturage avantageux ; l’État, sur les terrains encore plus ingrats.

On répète sans cesse, il est vrai, que nous avons 6 746 800 hectares improductifs dont la mise en valeur nécessiterait une intervention plus active du pouvoir législatif et des capitaux. Ce chiffre représente plus du huitième du territoire national. Il est donc erroné, car il n’est pas une de nos régions, rochers déduits, qui renferme une pareille fraction de sa surface en état d’improductivité. Voici encore une autre preuve de cette exagération. Ce total est celui d’un tableau intitulé « Landes, pâtis et autres terrains incultes » publié par l’Administration des Contributions directes, en 1884. Mais sous le nom de landes, il comprend des surfaces très étendues du Centre consistant en bruyères mélangées d’herbes fines, qui sont des parcours à moutons de qualité supérieure, et sous les noms de pâtis et autres terrains incultes, il englobe d’immenses pelouses du Sud-Est et du Sud, qu’on n’a pas cru devoir élever à la catégorie des prés et herbages, mais qui n’en sont pas moins d’excellens pâturages.

Pour qui voyage et regarde, il est évident que nous avons au maximum 1 million d’hectares susceptibles d’être fructueusement boisés, et qu’on ne saurait songer à élever de plus de 2 pour 100, soit de 18 à 20 pour 100, le coefficient forestier des 53 millions d’hectares de notre territoire.


VIII

Jusqu’à présent, les principaux efforts de l’Etat se sont concentrés sur les torrens clos Alpes et des Pyrénées, ces petits cours d’eau caractérisés par un cirque de réception, un canal d’écoulement et un cône de déjection, et qui sont aux dégâts locaux ce que la rivière et le fleuve sont aux désastres généraux. On les a combattus par le boisement et par des travaux de correction, barrages, drainages, dérivations ; mais ces ouvrages d’art, qui sont très coûteux, n’ont pas toujours donné les résultats espérés, et l’ère en paraît terminée.

S’il en est ainsi, des économies sont-elles possibles, sur le budget du reboisement qui est actuellement de 3 500 000 francs ?