Quand ses prunelles, ô dieux !
Fixeront mon âme,
Je fuirai, fermant les yeux,
Sans voir feu ni flamme.
Quand me suivront ses aveux
Comme des abeilles,
Je fuirai, de mes cheveux
Cachant mes oreilles.
Quand m’atteindra son baiser
Plus qu’à demi morte,
J’irai sans me reposer
N’importe où, n’importe
Où s’ouvriront des chemins
Béans au passage,
Eperdue et de mes mains
Couvrant mon visage ;
Et, quand d’un geste vainqueur,
Toute il m’aura prise,
Me débattant sur son cœur,
Farouche, insoumise,
Je ferai, dans mon effroi
D’une heure nouvelle,
D’un obscur je ne sais quoi,
Je ferai, rebelle,
Quand il croira me tenir
A lui tout entière,
Pour retarder l’avenir,
Vingt pas en arrière !…
S’il allait ne pas venir !…
J’ai regardé pousser le Printemps de ma porte…
J’avais le soleil tendre à mes pieds, sur mes mains,
Et, dans les yeux, au loin l’espace et les chemins
Montant au ciel avec tous les champs pour escorte