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son frère puîné paraissant vouloir le supplanter, il l’exila en le nommant gouverneur de Palpa ; le troisième des frères, Deb Sham Sher, le meurtrier de leur oncle, eut le commandement en chef de l’armée. C’est lui qui a reçu M. Sylvain Lévi et la aidé intelligemment de ses meilleurs offices. Par son administration comme par son courage, Bir Sham Sher se révèle digne de son oncle Jang. La ville de Katmandou lui doit une eau potable et saine, résultat de travaux considérables, de grandes écoles, et ces hôpitaux, semblables à de modernes palais, qui ont été à mon arrivée un sujet d’étonnement ; dans un Durbar-School[1], on enseigne le sanscrit et l’anglais. C’est lui encore qui a créé « une collection de manuscrits sans rivale pour l’importance et l’antiquité des textes… Les indianistes doivent à sa bienveillance éclairée la première reconnaissance archéologique du Téraï népalais si féconde en découvertes éclatantes. » Ils se plaisent à attester « sa hauteur d’esprit, sa largeur de vues » sa conception nette et précise des questions scientifiques. »

Ce Maharaja mourut de mort subite et naturelle en 1901. Le commandant en chef, Deb Sham Sher, son successeur désigné, n’inspirant pas confiance aux hommes du gouvernement qui étaient pour la plupart de sa famille, ils s’entendirent pour amener le Roi à le déposer en faveur de son plus jeune frère Chander Sham Sher Jang qui, le premier de sa race, parvient au pouvoir les mains nettes de tout sang versé. Les Anglais le considèrent comme un esprit des plus fins et un remarquable administrateur. Il revient d’Angleterre au moment où j’entre au Népal.

A son retour d’Europe, il s’est arrêté au sanctuaire de Rameshwara Rani dans le Nord de l’île de Ceylan, pour y faire les purifications rituelles, tout comme Jang Bahadour à Bénarès. Un grand Durbar a été donné dans le palais d’Hanuman Dhoka pour fêter son arrivée à Katmandou ; on y a lu la lettre de Sa Majesté Britannique au roi Prithivi Vira Vikrama Sâh, le commandant en chef lui a adressé des complimens de bienvenue, puis lui a présenté une cassette d’argent massif, dessinée et exécutée dans le pays. Une grande « parade » va avoir lieu en son honneur, et j’y serai présentée au Roi, Maharaja des Maharajas, Mahadhiraja, le Dhiraj, dit-on communément, et à tous les Maharajas.

  1. École du Gouvernement.