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est divisé en petites souverainetés féodales. Le plus grand roi de la dynastie des Mallas apparaît au XIVe siècle. Jaya Sthiti Malla, prince législateur, organise la société et fixe les rites de la religion en donnant la prépondérance au brahmanisme sur le bouddhisme II fait de Bhatgaon sa capitale. Ces Mallas, rois cultivés, poètes, écrivains et en même temps législateurs et guerriers, font penser à nos Valois. L’un d’eux se pique même de connaître le monde extérieur et, pour prouver sa science polyglotte, il écrit deux mots français sur les murs de son palais (1654). Mais les Mallas laissent le Népal se diviser en trois royaumes distincts et souvent ennemis : au moment où le conquérant montagnard viendra menacer le pays, il sera en proie à l’anarchie féodale et aux dissensions intestines.

L’époque des Mallas est celle de l’épanouissement de l’art népalais : nous retrouverons les noms et l’influence des souverains Mallas dans les plus beaux monumens de la vallée. C’est aussi l’époque où apparaissent les premiers Européens ; en 1662, deux Jésuites, venus de Chine, traversent le Népal pour se rendre aux Indes ; leurs successeurs y fondent une mission, bientôt remplacée par une mission de capucins italiens qui subsista jusqu’à la conquête Gourkha.

Les Gourkhas qui s’emparèrent du Népal en 1768 et qui en sont encore aujourd’hui les maîtres, sont, eux aussi, un peuple himalayen ; ils tirent leur nom de la petite ville de Gourkha, peuplée d’environ 10 000 habitans, située à 60 kilomètres à l’ouest de Katmandou, dans le bassin des sept Gandakis. Les souverains et les grandes familles Gourkhas se flattent d’être des Kchatryas, c’est-à-dire d’appartenir au plus noble des dans hindous, après les Brahmanes. Dravya Sali, ancêtre des rois actuels, qui, en 1559, s’empara du trône de Gourkha avec la complicité des dans hindouïsés, se vantait de descendre des plus authentiques rajpoutes ; pour fuir la persécution des Musulmans, ils se seraient réfugiés dans la montagne où ils auraient fondé un clan nouveau, les Khas, que l’influence des Brahmanes fit admettre dans la société hindoue comme d’authentiques et purs Kchatryas. Avec les Gourkhas, le Brahmanisme intégral va l’emporter au Népal.

C’était un peuple de montagnards très peu nombreux, mais belliqueux, entraîné aux exercices de la guerre et de la chasse. Il a toujours le culte de la patrie et de l’honneur militaire.