Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 57.djvu/722

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre eux sur le terrain électoral, et nous ne disons pas qu’elles aient toujours été édifiantes ; mais, si elles ont été possibles, et surtout si elles ont été triomphantes, cela Aient de la lassitude générale, du désir de voir autre chose, du dégoût qu’inspire la défroque du passé, de l’attente de combinaisons, peut-être même de conciliations qui pourront se produire avec plus de désintéressement et de convenance autour de questions nouvelles, posées en dehors des haines que la politique du Bloc a répandues et qui ont tout dénaturé et empesté. On dit que nos ministres cherchent à se mettre d’accord sur un programme, dont ils feront part d’abord à M. le président de la République et qu’ils soumettront ensuite au Parlement. Attendons ce programme, et souhaitons que la statistique électorale l’ait préparé. En tout cas, elle a préparé les esprits à une politique déterminée, et sans doute on n’a pas publié la statistique pour leur offrir une politique qui en serait le contresens.


Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu des élections politiques : nos voisins belges en ont eu également. On sait que chez eux la Chambre se renouvelle non pas intégralement, mais partiellement, et que le mode électoral adopté y est ce scrutin de liste avec représentation proportionnelle que nous essayons d’introduire en France Il est appliqué en Belgique depuis quelques années, et personne ne propose de l’y supprimer. Sans doute le parti vaincu montre contre lui de la mauvaise humeur le lendemain de sa défaite, mais à la réflexion, tout le monde comprend qu’il est pour les vaincus surtout une garantie, et que le mieux est de le conserver.

Nous ne donnerons pas de longs détails sur les élections belges, puisqu’elles n’ont pas changé la situation antérieure et qu’en diminuant de 2 voix la majorité catholique, — qui était de 8 et n’est plus que de 6, — elle n’a pas affaibli d’une manière bien sensible la force du gouvernement. Un gouvernement, chez nous, aurait beaucoup de peine à vivre avec une majorité aussi faible ; il serait à la merci du moindre incident, et les candidats à sa succession rôderaient dans les couloirs en quête de cet incident qu’ils trouveraient sans peine le moyen de provoquer. Cela vient de ce que nous n’avons pas de partis solidement organisés et que le gouvernement, comme l’opposition elle-même, vivent chez nous de coalitions de rencontre qui se forment et se déforment sous des influences parfois insaisissables. Nous avons même eu des ministères qui avaient des majorités de rechange et qui passaient de l’une à l’autre suivant les cas. Cette con-