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REVUE DRAMATIQUE


COMEDIE-FRANÇAISE : la Fleur merveilleuse, pièce en quatre actes en vers par M. Miguel Zamacoïs.


L’année, au théâtre, avait été celle des poètes. Voici encore des vers pour inaugurer la saison d’été. M. Miguel Zamacoïs a fait applaudir, voilà deux ans à peu près, au théâtre Sarah-Bernhardt, un poème ou conte dialogué très agréable et très jeune, qui avait plu par la fraîcheur de l’inspiration : les Bouffons. Il nous donne cette fois une pièce qui témoigne de plus grandes ambitions, comédie à cadre ancien plutôt que comédie historique, et dans laquelle la partie sentimentale alterne avec la partie comique selon la formule toujours goûtée qui mêle au rire de douces larmes.

Cela se passe au temps de Louis XIII. Vous songez tout de suite que ce fut l’époque chère aux romantiques et qui devait leur plaire par son pittoresque, ses contrastes, son indiscipline et tout ce qu’il y avait en elle de très espagnol. Ce n’est aucun de ces mérites qui a recommandé à l’auteur cette époque plutôt qu’une autre. Mais il paraît qu’au temps où Richelieu prenait La Rochelle et fondait l’Académie, la tulipomanie atteignait son paroxysme en Hollande. Or la pièce de M. Zamacoïs est une pièce sur la tulipomanie. Une tulipe en est l’héroïne ou la divinité. On y voit comment une tulipe peut tourner la tête d’un maniaque, en même temps qu’elle rend à un autre sa raison dérangée, faire la confusion d’un traître et le bonheur de deux jeunes gens et enfin accomplir toute une série de prodiges, tels qu’on en lit dans les légendes dorées ou autres.

Nous sommes dans une auberge aux environs d’Arras. Il fait un temps de chien. Ce temps est le plus favorable pour les aubergistes