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après bien des luttes intestines, ils arrivèrent à leurs fins. Le Concile s’ouvrit, avec la permission du gouvernement, le 15 août 1797. La séance d’ouverture eut lieu à Notre-Dame, et l’on y renouvela solennellement le vœu de Louis XIII, qui consacrait la France à la Vierge. Les séances particulières se tinrent à l’hôtel de Pons, rue des Saints-Pères, et le coup d’État du 18 fructidor (4 septembre 1797) n’empêcha pas les évêques de délibérer et de légiférer paisiblement durant trois mois, jusqu’à la clôture du Concile (19 novembre 1797). Ils étaient trente-trois, venus de tous les points de la France aux frais de leurs diocésains, car le dénuement de beaucoup d’entre eux était extrême ; dix s’étaient fait représenter par des « procureurs fondés, » parce que l’âge, la maladie, la pauvreté surtout, les empêchaient d’entreprendre un long voyage ; 5 « églises veuves » étaient représentées par un délégué de leurs presbytères ; enfin 51 prêtres représentaient le clergé du second ordre, les curés et les vicaires. C’était une réunion de 90 ecclésiastiques, de véritables Assises : faut-il ajouter que le Concile s’empressa d’écrire au Pape pour lui témoigner son respect filial, et pour l’inviter, même assez vivement, à pacifier les troubles dont la France était le théâtre ? La lettre fut envoyée à Bonaparte, qui se chargea de la faire parvenir à Pie VI ; elle ne reçut, comme il fallait s’y attendre, aucune réponse. Les évêques et prêtres « dissidens, » on ne disait plus « réfractaires, » furent convoqués, mais aussi inutilement ; et le Concile poursuivit ses travaux.

Il s’occupa nécessairement de la question des écoles chrétiennes : la chose ayant été réglée deux ans auparavant par la seconde Encyclique, le Décret sur l’organisation des Ecoles chrétiennes se contenta de reproduire, avec des modifications de détail sans importance, le règlement des évêques réunis.

Le Concile ne s’en tint pas là ; non content de s’adresser à l’ensemble du clergé français, il rédigea et fit imprimer à part, le 5 novembre 1797, une Lettre synodique du Concile national de France aux pères et mères et à tous ceux qui sont chargés de l’éducation de la jeunesse. (Paris, Imprimerie-librairie chrétienne, rue Saint-Jacques ; 23 pages in-8o.) Cette lettre est fort curieuse, et comme elle paraît avoir échappé, de même que les décrets du Concile, aux divers historiens de l’Instruction publique sous la Révolution, il est bon de la faire connaître, au moins dans ses parties essentielles. En voici le début :