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haut, que tous les corps opaques portés par la chaleur à l’incandescence se comportent de même. On a constaté que les variations de leur éclat qui accompagnent l’augmentation de la température ne dépendent que de celle-ci et sont à peu près les mêmes pour tous les corps. D’ailleurs, ces variations d’éclat sont assez grandes. Pour prendre un exemple, lorsqu’un morceau de fer est chauffé d’abord à la température du rouge sombre (700° environ), puis du blanc éblouissant (environ 1 500°), son éclat varie plus que du simple au quintuple. On a déterminé très exactement ces dernières années, à la fois par l’expérimentation et par la théorie, les lois qui lient les changemens d’éclat des corps à leurs températures, et ces lois sont bien connues actuellement. L’auteur de cette étude a pensé à les appliquer aux données fournies par l’étude des températures des étoiles ; et quelques-uns des résultats ainsi obtenus sont fort curieux.

Le résultat du calcul fait pour le Soleil en partant de la valeur de sa température effective que nous avons trouvée égale à 5 320° absolus est le suivant : chaque centimètre carré de la surface du Soleil (et je rappelle que sa surface totale est de 6 quatrillons de kilomètres carrés) émet autant de lumière que 319 000 bougies. Les arcs électriques les plus puissans que l’on ait réalisés, ceux par exemple qui éclairent l’avenue de l’Opéra, sont donc trente fois moins lumineux, au bas mot, qu’un seul centimètre de la surface solaire. Ce qui est fort curieux, c’est que, dès le début du XVIIIe siècle, Bouguer avait eu l’idée de comparer l’éclairement dû au Soleil à celui d’une bougie, et de ces anciennes mesures découle ce fait que chaque centimètre carré du Soleil émet la lumière de 300 000 bougies environ. C’est à très peu près le nombre que nous avons déduit tout à l’heure par le calcul, de la température du Soleil. Il s’ensuit que, si Bouguer avait connu les lois exactes du rayonnement, il aurait pu déduire de ses mesures la valeur à peu près exacte de la température du Soleil, et cela il y a deux siècles !

En faisant pour quelques-unes des étoiles dont nous avons mesuré les températures un calcul analogue, on obtient quelques résultats bien curieux. La puissance rayonnante de p de Persée est très inférieure à celle du Soleil, et une surface donnée de cette étoile émet au plus la dixième partie de la quantité de lumière d’une portion égale du Soleil. Au contraire, celui-ci n’est qu’un pâle flambeau à côté de Véga ; chaque centimètre carré de