Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 57.djvu/650

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sujet des « raies renforcées » du fer, du calcium et, en général, de la plupart des corps présens dans les étoiles.

De cette longue série d’expériences démonstratives qu’il a corroborées d’ailleurs de multiples façons, sir Norman Lockyer a cru récemment pouvoir tirer des conclusions dont la hardiesse et l’envergure philosophique sont puissamment suggestives et qu’on peut résumer ainsi : Les différences essentielles qui existent entre les divers types d’étoiles, au point de vue de leur composition chimique, sont dues aux températures différentes qui y règnent. Quand la température s’élève, les atomes des élémens chimiques caractérisés par leur raies spectrales ordinaires se disloquent pour donner lieu à des formes plus simples caractérisées par les « raies renforcées, » et que Lockyer appelle des « proto-élémens. » Ces « proto-métaux, » lorsque la température s’élève encore, se dissocient eux-mêmes pour former d’autres élémens de plus en plus légers et simples, et aboutir finalement à la transmutation de tous les autres corps en hydrogène et en hélium. Les étoiles d’Orion seraient donc les plus chaudes du ciel ; et la simplicité plus ou moins grande des spectres stellaires ainsi que l’importance qu’y ont les « raies renforcées » seraient caractéristiques des températures des étoiles.


IV. — L’AGE DES ÉTOILES. — LA TRANSFORMATION DE LA MATIÈRE STELLAIRE

Deux grandes idées philosophiques se dégagent de ces recherches, celle d’une évolution chimique et thermique des étoiles, et celle de la transmutation des élémens chimiques par l’action de la chaleur.

A la vérité, on aurait déjà pu déduire de la belle théorie cosmogonique de Laplace l’idée d’une évolution calorifique des étoiles. D’après cette hypothèse, qui, bien que vieille d’un siècle, est encore l’image la plus simple et la plus parfaite que nous ayons pu concevoir de la formation du système planétaire, le Soleil résulterait de la condensation progressive d’une vaste nébuleuse gazeuse, très diluée et qui, s’étendant à l’origine jusqu’au-delà de l’orbite de Neptune, se serait peu à peu concentrée par l’effet nécessaire de la gravitation jusqu’à être réduite aux dimensions actuelles du Soleil. Or Helmholtz a démontré que la chaleur produite par le seul effet de la chute de la matière vers