Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 57.djvu/649

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ces étoiles ; en outre les raies des métaux, et notamment du calcium, y sont notablement plus nombreuses et plus intenses que dans les étoiles d’Orion. — Ensuite vient un groupe d’étoiles, dont font partie Arcturus et Capella et où les raies métalliques, celles notamment du fer et du titane, sont intenses et nombreuses ; ces spectres sont identiques à celui du Soleil. — Enfin, au bas de la série, nous trouvons des étoiles rouges comme Antarès et d’Hercule, où les raies métalliques sont encore beaucoup plus marquées, et où, en outre de celles qui appartiennent à des « élémens chimiques » et que seules nous avions rencontrées dans les classes précédentes, se trouvent les raies de plusieurs « corps composés » et notamment des oxydes de manganèse ou de titane et du cyanogène. En résumé, à mesure qu’on passe des étoiles d’Orion aux étoiles à oxyde de titane et à cyanogène, on constate que le nombre et la complexité des raies spectrales augmentent et que, dus d’abord uniquement à des gaz très légers, les spectres d’étoiles manifestent peu à peu la présence de métaux de plus en plus nombreux et plus lourds, jusqu’à ce qu’arrivent enfin les molécules pesantes des composés chimiques.

Quelle est la cause de ces changemens progressifs ? Sir Norman Lockyer remarqua que les diverses raies caractéristiques d’un métal donné, le magnésium par exemple, n’ont pas les mêmes intensités relatives dans tous les spectres d’étoiles : tandis que l’intensité de la plupart des raies du magnésium croît régulièrement lorsqu’on passe des étoiles d’Orion aux étoiles rouges, cette intensité suit une marche inverse pour d’autres raies de ce même métal. Ces dernières dans les étoiles à hélium sont relativement très marquées, et mieux visibles que dans les étoiles rouges ou dans le spectre du magnésium, tel que nous savons le produire sur la Terre. Cette dernière catégorie de raies que Lockyer appela enhanced lines (raies renforcées) a été de sa part l’objet d’une merveilleuse série d’expériences : en produisant dans son laboratoire le spectre du magnésium à des températures de plus en plus élevées, c’est-à-dire d’abord par la simple combustion de ce corps, puis au moyen d’une flamme de gaz, puis de l’arc électrique et enfin de l’étincelle électrique très condensée, il découvrit que l’importance relative des « raies renforcées » par rapport aux raies ordinaires augmente en même temps que la température de la source où on vaporise le magnésium. Des constatations identiques furent faites au