Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 57.djvu/475

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Quel que soit l’intérêt pour nous des élections complémentaires du 8 mai, l’événement qui domine tout aujourd’hui, et auquel nous devons donner la première place, est la mort du roi Edouard VII. Rien ne l’avait fait prévoir. Sans doute la santé du Roi était, depuis quelque temps, devenue précaire, mais personne dans sa famille, pas plus que dans son gouvernement, n’avait mesuré les ravages que l’usure avait faits en lui, et la preuve en est que la Reine était sur le continent lorsque les symptômes alarmans se sont produits, et que le premier ministre, le président de la Chambre, d’autres personnes encore à peine moins importantes dans l’État, avaient profité des vacances parlementaires pour aller voyager et se reposer à l’étranger. Depuis le jour où les échos de Versailles ont retenti de la foudroyante nouvelle : « Madame se meurt ! Madame est morte ! » rien de si rapide ne s’était vu. Le premier bulletin des médecins disait que la santé du Roi inspirait des inquiétudes : en le lisant, chacun a compris que le Roi était perdu, et il s’éteignait en effet dans la nuit du lendemain, laissant l’Angleterre en deuil et l’Europe dans quelque incertitude de ce que pourront être les suites de l’événement.

Le règne d’Edouard VII n’a duré que neuf ans, mais il a été bien rempli et il laissera une trace dans l’histoire de l’Angleterre et du monde. Le Roi avait soixante ans lorsqu’il est monté sur le trône. La reine Victoria, jalouse de l’autorité qu’elle exerçait d’ailleurs d’une manière supérieure, l’avait tenu complètement à l’écart des affaires et ne lui avait permis de jouer qu’un rôle de représentation et d’apparat. On sait à quoi, pendant longtemps, il a employé sa vie. Les distractions de toutes sortes, les voyages, les plaisirs, y ont tenu une grande place. Le prince de Galles était populaire dans plusieurs capitales de l’Europe, et surtout à Paris. Il a été souvent notre hôte ; il