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et dernière, qui veulent être grandioses, la troisième et surtout la seconde semblent mesquines, voire naïves, avec des grâces et des gentillesses déplacées. L’ordonnance générale, et spécialement le rôle respectif de la symphonie et des chœurs, sont réglés sans assez de logique. Il y manque, avec le sentiment des rapports et des proportions, la suite et le progrès continu. C’est trop, dans l’interminable finale, de plusieurs péroraisons, paroxysmes, apothéoses, renchérissant les unes sur les autres. Pour être la plus belle chose de l’ouvrage, et véritablement une chose belle en soi, noble, mélancolique et profonde, le lied chanté par le contralto solo n’est cependant pas à la mesure et comme à l’échelle des polyphonies environnantes. Et voulez-vous encore un trait romantique ? Les parties mêmes de symphonie pure ont l’air ici d’appeler un commentaire, de l’attendre ou de l’avoir perdu. Partout on demande compte à cette musique de ses intentions descriptives. Pour ne citer qu’un exemple, ou qu’un genre pittoresque, les marches y abondent, funèbres ou militaires, à pied et quelquefois, on le croirait du moins, à cheval. Enfin si nous signalons, non seulement dans le détail mélodique ou instrumental, mais dans le style et l’inspiration générale de cette symphonie, des analogies frappantes avec la Symphonie Fantastique, nous en aurons peut-être assez dit sur le romantisme de M. Gustav Mahler, pour que l’on soupçonne avec nous que la place du musicien d’Autriche n’est pas au-dessus, ni même à côté de Beethoven, mais au-dessous de Berlioz, très au-dessous.


CAMILLE BELLAIGUE