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LES PREMIÈRES ANNÉES
DU
DUC D’AUMALE


I. Journal et Correspondance intimes de Cuvillier-Fleury, 2 vol. in-8 ; Plon, 1903. — II. Correspondance du Duc d’Aumale et de Cuvillier-Fleury, avec une introduction de M. René Vallery-Radot, 1 vol. in-8 ; Plon, 1910.


Pour bien comprendre le caractère du Duc d’Aumale, il est nécessaire de connaître le milieu où il a été élevé, les influences qui se sont exercées sur lui, le pli que lui ont donné de bonne heure la famille et l’entourage. D’abord la famille, dont il serait injuste de parler sans un sentiment de respect, groupée autour de son chef dans une étroite union. Le père à cheval sur deux siècles, représentant presque à un égal degré l’ancien régime et la Révolution, successivement prince du sang, général de la République, proscrit, errant sur les routes de l’Europe, professeur à Reichenau, marin en Norvège, replacé près du trône en 1814, et devenu roi de France en 1830. La mère, connue surtout par la dignité de sa vie, par sa bonté et par sa piété. Trois filles aimables et distinguées, cinq fils que le père destine au métier de soldat et auxquels il fait donner une éducation virile. Le Duc d’Aumale était le quatrième de ces fils. Lorsqu’il arriva à l’âge de raison, il n’eut qu’à entrer dans le chemin tracé pour ses aînés : le mélange de la vie de famille et de l’instruction universitaire. On sait avec quelle netteté, avec quelle fermeté, Louis-Philippe avait réclamé le droit d’envoyer ses