Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 57.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ESQUISSES CONTEMPORAINES

EUGÈNE-MELCHIOR DE VOGÜÉ


« ... L’esprit le plus naturellement généralisateur qu’il m’ait été donné de rencontrer Le plus menu fait n’était pour lui qu’un prétexte à s’élancer vers les hauteurs de la synthèse. »
( Souvenirs et Visions, p. 31.)


Un grand style ; une haute et même altière pensée, mais infiniment souple, généreuse et hospitalière ; une faculté d’enthousiasme et de lyrisme même qui survivait à toutes les déceptions de la vie, à toutes les amertumes de l’expérience ; une puissance et une vivacité d’intuition que les « spectacles contemporains » les plus divers ont tour à tour sollicitée ; bref, un penseur qui serait un poète, et un homme d’action qui ne dédaignerait pas d’être un grand écrivain : ce sont là les principaux traits qui ont gravé dans notre mémoire la physionomie d’Eugène-Melchior de Vogüé. Il y a une triste douceur, maintenant, hélas ! qu’il n’est plus, à suivre dans son développement intérieur une personnalité de cet ordre, et à tenter d’en faire le tour.


I

« Au temps de mon enfance, dans la province où j’ai grandi, la bibliothèque de tout bon Vivarois contenait deux livres de fonds : ouvrages obscurs, presque introuvables aujourd’hui, qui furent