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En tout cas, ce nom ou surnom paraît indiquer dans la famille, et probablement chez la mère de Jeanne, la dévotion des sanctuaires vénérés et la tradition des pèlerinages lointains. Son petit nom était Elizabeth ou Zabillet. Elle était née à Vouthon-village voisin de Domremy, mais qui relevait du duché de Bar[1]. De sa mère, Elizabeth Romée, Jeanne d’Arc reçut, d’abord, ce même nom, car, dit-elle à ses juges, « c’est la coutume de mon pays que les filles portent le nom de leur mère. » Elle reçut aussi l’enseignement moral et l’enseignement religieux. Parmi des ouvriers ruraux (couvreurs, charpentiers, etc.), la famille de la mère de Jeanne compte, au moins, deux ecclésiastiques, l’un frère d’Elizabeth, Henri de Vouthon, curé de Sermaize ; l’autre, Nicolas de Vouthon, religieux de l’abbaye de Cheminon (ordre de Cîteaux)et qui devint le chapelain de la Pucelle[2].

Issue d’une famille où de telles vocations se sont affirmées, Elizabeth Romée est une femme pieuse. Cette piété, elle la manifeste d’une façon éclatante dans une circonstance qui a longtemps échappé à l’histoire, mais qui, comme l’a indiqué Siméon Luce, après Vallet de Viriville, ne peut pas ne pas être en rapport avec la mission de Jeanne, — le pèlerinage qu’elle fit, en 1429, au sanctuaire de Notre-Dame du Puy.

Disons le fait, d’abord, quoique postérieur et contemporain de la mission de Jeanne et indiquons, ensuite, les conjectures qu’il est permis d’en tirer au sujet des sentimens d’Elizabeth Romée

  1. De Pange, le Pays de Jeanne d’Arc, et surtout l’ouvrage de l’abbé Misset : Jeanne d’Arc champenoise.
  2. On signale trois prêtres portant le nom de la famille paternelle de Jeanne, Simon d’Arc, chapelain de Notre-Dame au château royal de Chaumont, Pierre d’Arc, chanoine de Troyes, Michel d’Arc qui était, en 1404, curé à Bar-sur-Seine. Chapoy, Les Compagnons de Jeanne d’Arc, p. 81.