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a écrit, dans une pensée de réparation, une histoire sincère de Jeanne d’Arc[1].

L’élan est donné. De nouvelles recherches sont entreprises dès maintenant. Il reste encore des précisions à apporter. Tout d’abord, il faut souhaiter qu’un érudit compétent (qu’il s’agisse de M. Lefèvre-Pontalis, de M. P. Champion ou de tel autre de nos confrères de l’Ecole des Chartes) reprenne l’œuvre de Jules Quicherat, devenue fort rare et vraiment insuffisante, et qu’on donne au public un « trésor » de Jeanne d’Arc, un monument où les textes soient réunis, vérifiés et commentés. La comparaison des sources et des manuscrits fournirait plus d’un élément nouveau à la critique moderne. Une de nos grandes sociétés d’érudition s’honorerait en abordant, à bref délai, une telle entreprise.

De même des recherches plus approfondies devraient être faites dans les archives italiennes. On ne peut espérer assurément une seconde découverte comparable à celle de la Chronique de Morosini : mais le dernier mot n’est pas dit. Il y aurait surtout à compulser, avec méthode, les archives des ordres religieux : on trouverait, probablement, dans ces monumens, des indications du plus haut intérêt sur les directions des chefs d’ordre au sujet des grandes questions qui ont agité le XVe siècle. Cette admirable époque est encore couverte d’ombres et hérissée de mystères.

Les archives du Vatican ne nous réservent-elles plus aucune surprise ? Il n’est guère admissible que, durant tout le temps de la mission de Jeanne d’Arc et pendant les six longs mois du procès qui passionnait le monde chrétien, Rome n’ait rien su, rien entendu, qu’elle ait tout ignoré ou qu’elle ait, depuis, tout oublié. Morosini fait allusion, plusieurs fois[2], à des communications importantes qui auraient été faites à Rome par Charles VII et par l’Université de Paris au sujet de Jeanne d’Arc. Si les recherches aux archives du Vatican ont été infructueuses jusqu’ici[3], il n’est pas possible, qu’un jour, elles ne soient

  1. La Revue des Deux Mondes du 15 avril 1909 a consacré un article de M. T. de Wyzewa au compte rendu du livre de M. A. Lang, The Maid of France. M. A. Lang est tout à fait un traditionaliste sur la question Jeanne d’Arc ; il est, je crois, Écossais.
  2. Chronique, III, pp. 54, 60, 233, etc.
  3. Le P. Ayrolles, La vraie Jeanne d’Arc, t. III, p. 577.