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LA TRANSFORMATION DE LA CHINE.

ils préféreraient sans nul doute recevoir l’équivalent en argent

Au surplus, en cas d’insuffisance de ses revenus actuels, le gouvernement peut recourir à l’établissement de nouvelles taxes, et c’est ce qu’il ne se prive pas de faire actuellement, pour subvenir aux dépenses des réformes.

Ces recettes extraordinaires sont dues à l’ingéniosité du ministre des Finances et sont des plus variées : loteries, appel à la générosité des notables auxquels leur fortune permet de faire à l’Etat des dons plus ou moins volontaires, vente de titres honorifiques et quelquefois même de grades, frappe nouvelle de monnaie, diminution des traitemens des fonctionnaires ou des factures des fournisseurs de l’Etat, création de nouveaux postes de likin, augmentation de la contribution mise sur les emplois et les maisons. C’est ainsi qu’il étend en ce moment le système du likin et soumet ainsi le commerce étranger à des droits de douane provinciaux de plus en plus forts que jamais. Mais il ne faudrait pas s’engager trop avant dans cette voie. Des soulèvemens qui ont eu lieu tout récemment dans le Sud, occasionnés par les contributions supplémentaires prélevées par les mandarins pour la construction des écoles, montrent qu’on ne saurait, dans l’établissement d’impôts nouveaux, procéder avec trop de prudence et de circonspection. Il est plus sage pour le pouvoir d’augmenter le rendement des impôts existans.

Mais pour leur faire rendre la plus-value dont ils sont susceptibles, il faudra faire cesser l’anarchie financière en même temps que le désordre administratif, en étendant l’autorité du ministre des Finances, en établissant un budget général des recettes et des dépenses, en procédant à la réorganisation systématique des impôts. Ces diverses mesures sont réclamées par tous les partisans des réformes. Tous les mémoires récens des autorités compétentes adressés au trône, aussi bien que tous les exposés et toutes les critiques de la presse indigène, font ressortir leur urgente nécessité. Le gouvernement, qui se rend compte des exigences de la situation, agit aussi de son côté. Pour développer l’influence du ministre des Finances, il vient de créer une Banque d’État sur laquelle il a la haute main et par l’intermédiaire de laquelle il cherche à s’assurer le concours des capitalistes nationaux. Le capital de dix millions de taëls est fourni pour moitié par l’État et pour moitié par des actionnaires ; l’administration de l’établissement est confiée à des fonctionnaires assistés de