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LA
TRANSFORMATION DE LA CHINE

II[1]
L’ÉVOLUTION DES IDÉES CHINOISES
L’AVENIR DES RÉFORMES


I

On se demande ce qui pourra advenir du travail prodigieux de fermentation qui s’élabore en ce moment en Chine. Parmi ceux qui ont tout récemment visité ce pays ou étudié les événemens dont il est le théâtre, les uns, enthousiasmés par ce qu’ils ont vu et par le nombre des édits, des proclamations, des décrets qui se succèdent sans interruption, sont convaincus que nous nous trouvons dès maintenant en face d’une Chine nouvelle, transformée, qu’aucun obstacle ne saurait plus entraver dans la voie du progrès ; les autres ne paraissent pas avoir confiance dans la réussite finale. La Chine, disent ces derniers, n’est pas prête pour une transformation si profonde. En voulant tout moderniser sans avoir conscience des difficultés de sa tâche, elle fait preuve d’une suffisance puérile. Certes, les réglementations nouvelles sont bien conçues et seraient excellentes chez une nation qui aurait les moyens de les mettre en pratique ; mais, en Chine, les coutumes se dressent en face des lois nouvelles. Le gouvernement ordonne bien les réformes, mais les vice-rois ne

  1. Voyez la Revue du 15 mars.