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vous voulez bien me destiner et que je voudrais bien mériter. Adieu, mon cher monsieur Forestier, ménagez-vous bien, et daignez m’aimer toujours comme vous le faites et donnez-moi en grâce plus souvent de vos chères nouvelles.

« INGRES. »


« Je ne sais encore comment M. Suvée s’arrangera avec moi pour ce que je lui dois. Pour la petite somme que vous avez de reste, je vous prie de faire en sorte par M. Robillard de me faire passer trois louis qui me payeront au moins ma toile. Les deux autres louis, si je ne vous les dois par tout plein de choses que vous avez payées pour moi, j’aurais indispensablement besoin d’environ deux onces de bleu de cobalt ou une once qui coûte, je crois, dix ou douze francs la dite once chez Rey, et puis un peu de vert de Hubert, pour glacer, environ six francs. Si toutefois ces dites couleurs ne se retrouvent, les ayant achetées pour les emporter. M. Simon ayant fait ma malle les a oubliées, car je ne les y ai pas trouvées. Je l’ai même prié de voir par chez moi et chez vous si elles pourraient se retrouver. Au cas contraire, je vous prie de vouloir en charger quelque partant pour Rome. Mille pardons des soins dont je vous charge.

« Très chère madame Forestier, vous voulez bien aussi que je vous souhaite mille bonnes années et que je me rappelle à votre bonne amitié ? L’année passée, j’étais bien plus heureux. J’étais chez vous et avec vous. Quelle différence aujourd’hui, et combien je suis privé de ne pouvoir vous embrasser et toute la bonne famille réunie ! Soyez, je vous prie, mon organe près de M. Salé[1], votre cher frère, pour lui présenter mes très humbles hommages et je vous demande à tous et particulièrement à vous, ma très chère dame, votre bénédiction pour le pauvre M. Ingres et ses projets, parce qu’il espère que cela lui portera bonheur, en attendant que je me rende digne d’être votre second enfant, à quoi vous voulez bien me permettre d’aspirer bientôt. Adieu, bonne madame Forestier, je ne pourrais vivre heureux sans votre amitié. Permettez que je dise un petit mot à ma bonne Julie.

« Ma chère Julie, je n’ai point d’autres souhaits à vous faire que celui de vouloir (bien] me prodiguer les vôtres avec l’amitié et le cœur que je vous connais. M. Ingres ne cesse de vous

  1. M. Salé fait partie du groupe de la Famille Forestier.