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destinés à former, avec le Lord-Chancelier, qui est toujours un légiste, le Judicial committee ou commission judiciaire. Leur titre, primitivement, était moins que viager, car ils devaient cesser de siéger parmi les Lords le jour où cesseraient leurs fonctions actives. En 1887, ils recevaient la pairie à vie dans toute son étendue et lord Salisbury, encouragé par cette première expérience, proposait d’instituer une classe de Lords, dont le titre ne serait pas transmissible. Leur nombre ne devait jamais excéder cinquante et certaines restrictions de nombre et de temps devaient considérablement retarder le plein effet du nouvel arrangement. Les Lords votèrent, la mort dans l’âme, et le public qui, en Angleterre comme en France, aime à résumer et à résoudre les questions d’un mot, baptisa du nom de lifers les pairs à naître : c’est le nom qu’on donne aux forçats à perpétuité et l’analogie n’avait rien de flatteur.

Avant que le bill arrivât à sa troisième lecture, il était retiré par le gouvernement. Du reste, en cette année 1888, la réforme de la Chambre des Lords semble avoir été à l’ordre du jour, car deux pairs se firent remarquer, au cours de la session, par des efforts, plus ou moins heureux, pour amener leurs collègues à comprendre le manque d’harmonie qui existait entre leur constitution et les besoins modernes, ainsi que la nécessité qui s’impose à toutes les institutions, même les plus essentiellement conservatrices, de suivre l’évolution de la société politique. Lord Rosebery réclamait la nomination d’une Commission qui serait chargée d’étudier la question. La proposition, émanant du même auteur, avait déjà été repoussée en 1884 : elle le fut de même en 1888. Lord Dunraven présenta un projet vaste et compréhensif, qui eût eu pour effet de supprimer ou de restreindre le principe héréditaire et qui enchérissait sur celui du comte Russell en 1869. Je n’analyserai point ce projet, d’abord parce qu’il ne fut ni adopté ni même sérieusement discuté, ensuite parce que nous en verrous reparaître les dispositions principales dans les plans de réforme actuellement soumis à la considération des nobles pairs.

Lorsque l’Église d’Irlande perdit, en 1869, son caractère officiel, les quatre représentans de l’épiscopat irlandais qui se succédaient, à tour de rôle, d’année en année, au banc des évêques, ont cessé d’y figurer. D’autre part, bien qu’on ait créé, dans l’Angleterre proprement dite, plusieurs diocèses, les titulaires de ces