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paraît être une des occupations principales de la Chambre des Lords. Après avoir revendiqué le droit de juger ses propres membres, elle étend, du consentement de la Chambre basse, sa juridiction sur tous les cas de haute trahison, quels qu’en soient les auteurs.

Jusqu’à la Réforme, l’élément spirituel réussit à balancer l’élément laïque, singulièrement affaibli par les guerres civiles. Mais le départ des vingt-trois grands abbés, sous Henry VIII, et la création de plus de cinquante pairies temporelles par les Tudors durant la seconde partie du XVIe siècle établissent définitivement la suprématie de la pairie héréditaire et, depuis ce moment, l’inégalité va toujours grandissant.

En 1640 un décret du parlement jette les évêques hors de la Chambre haute et cette Chambre est dissoute en 1649, ou du moins, les dix ou douze membres restés fidèles à la cause populaire sont congédiés sans autre forme de procès. Quelques années après. Son Altesse Mylord Protecteur, poursuivant le cours de ses expériences politiques, rencontre devant lui le système bicaméral et s’en empare. Quelle raison ? Quel avantage y voit-il ? Il ne l’a pas dit, ou, du moins, il ne la pas dit en termes pleinement intelligibles pour le politicien ; mais il est impossible de douter qu’il n’ait été touché de l’idée bicamérale, puisqu’il n’a pas trouvé, pour baptiser son Sénat, d’autre appellation que celle-ci : the other house, l’autre Chambre. N’était-ce pas la plus ingénue de toutes les façons d’avouer que la seconde Chambre n’existait que pour servir de pendant, de frein et de contrepoids à la première ?

La Restauration remet toutes choses en place. Les actes de 1640 et de 1649 sont annulés comme entachés d’illégalité et de violences ; les lords temporels remontent sur leurs sièges, de plein droit, et les lords spirituels ne tardent pas à rentrer en possession de ceux qui leur appartiennent. Mais l’esprit du monde parlementaire est tout différent de ce qu’il était avant la Révolution et un antagonisme, qui ne cessera plus, se déclare entre les deux fractions de la législature. C’est à ce moment que s’affirment, en matière financière, les prétentions rivales des deux assemblées, qui viennent d’atteindre, à la fin de 1909, leur extrême degré d’acuité. Par une « résolution » votée en 1661, la Chambre des Communes revendique le privilège de régler seule le budget des dépenses, de même qu’elle a seule la charge