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démener pour prouver qu’il n’est point baron et ne saurait être forcé d’assister, comme tel, aux séances de la Chambre des Lords. D’autres, cependant, aperçoivent, et tous les jours plus clairement, l’avantage qu’ils pourront retirer de la pairie. Ils font triompher parmi eux le principe d’hérédité, transféré de la terre à la personne.

Ce qui aida à cette transformation et la rendit inévitable, ce fut la création de deux nouveaux ordres de noblesse qui prirent rang au-dessus des Earls. Le premier duc, le duc de Cornwall, fils aîné d’Edouard III, date de 1337 et le premier marquis de 1386. Il est évident que les Earls et les barons, à cette époque, ont cessé de siéger au Parlement, les uns à raison de leurs fonctions locales, et les autres à raison des fiefs qu’ils détiennent, et que ces deux noms représentent seulement les degrés inférieurs de la hiérarchie nobiliaire, où s’interposera encore, au XIVe siècle, l’ordre des vicomtes. Quoi qu’il en soit, à partir du commencement du XIVe siècle, quiconque a été convoqué une fois à l’assemblée des Lords se considère comme un membre permanent de cette assemblée et transmet ce droit à son plus proche héritier. Cependant le mandat royal de convocation demeure une formalité nécessaire et l’est encore aujourd’hui.

On voit, par ce qui précède, que l’historien Freeman est autorisé à affirmer que l’hérédité personnelle et directe s’est introduite éventuellement et à une époque relativement moderne dans la Chambre des Lords, et que, primitivement, cette Chambre est une chambre de fonctionnaires ; mais il faut se hâter d’ajouter, — sinon, on aurait de ces origines l’idée la plus fausse, — que, sitôt que le principe de la permanence et de l’hérédité s’est définitivement établi dans la pairie, il en devient le signe caractéristique[1].

Une autre conclusion, non moins importante, c’est que la Chambre des Lords représente la propriété territoriale. La Chambre des Communes représente aussi la propriété foncière, ce qu’on pourrait appeler la propriété du second degré, plus la propriété marchande et industrielle, qui commence à naître.

A qui appartient, dans la période d’incubation du régime

  1. Nous ne serions pas en Angleterre, s’il n’y avait des contradictions et des exceptions à signaler. Ainsi, en 1416, nous voyons créer un duc d’Exeter pour sa vie durant et un peu plus tard le duc de Bedford perd son privilège parce qu’il n’est pas assez riche pour tenir son rang.