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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La législature de 1906-1910 est close ; les Chambres se sont séparées vendredi soir, 8 avril, et ne se réuniront de nouveau que le 1er juin : à ce moment, la Chambre des députés aura été renouvelée. Les élections générales devant avoir lieu le 24 avril, la campagne électorale est ouverte et se poursuit dans toute la France, avec une grande activité sans doute, et cependant avec moins de passion, semble-t-il, que les fois précédentes. On attendait beaucoup d’autres élections ; on attend peu de celles-ci ; mais il pourrait y avoir des surprises. Le mécontentement grandit, en effet, et, s’il ne se manifeste pas d’une manière aussi bruyante que dans d’autres circonstances, il n’en est pas moins profond. Le sentiment général est la lassitude. Ce n’est pas un sentiment très actif ; il ne se traduit pas par des violences ; mais il peut provoquer des votes inattendus. Au surplus, nous serons fixés bientôt. Mieux vaut nous taire puisque la parole est au pays.

La fin de la session a été confuse et terne. Le budget a fait, comme d’ordinaire, la navette entre la Chambre et le Sénat et, grâce à des concessions mutuelles, on a fini par se mettre d’accord ; après quoi, l’heure de la séparation fatale a sonné. Nous avons à peine besoin de dire que, depuis assez longtemps déjà, les bancs du Palais-Bourbon et même ses couloirs étaient vides. La grande majorité de nos députés n’étaient plus là, et M. le rapporteur général du budget aurait pu dire par moment, comme Léandre dans les Plaideurs : « Moi, je suis l’assemblée. » Il ne restait, en fin de compte, qu’une douzaine et demie de figurans lorsque M. le président Brisson, de sa voix la plus grave, a adressé à l’assemblée absente un discours qu’elle n’avait d’ailleurs aucun besoin d’entendre, pourvu que le pays l’entendit. Représentant officiel de la Chambre, M. Brisson ne pouvait que lui rendre hommage ; il l’a fait très largement, très généreusement, avec un optimisme laudatif