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ESSAIS ET NOTICES

ASCENSION, PAR M. CHARLES DE POMAIROLS[1]

Sous ce titre, Ascension, M. de Pomairols, connu déjà comme poète distingué, a écrit une histoire curieuse, très précise comme étude du monde religieux français et très touchante.

Ce sont mœurs de province. Destève, descendant d’une vieille famille de magistrats, en Toulousain, a du goût pour le professorat, parce qu’il aime la lecture, la méditation, les enfans et Lamartine. Après quelque hésitation, sa famille consent à cette déchéance. C’est l’opinion de la famille que je rapporte. Le jeune Destève devient professeur, se marie pur à une pure, pieux à une pieuse et lamartinien à une lamartinienne. Sa charmante femme meurt en donnant le jour à une petite fille. Destève se consacre désormais à trois choses : son enseignement, le soulagement de ses paysans, car il est propriétaire, et l’éducation de sa fille.

Le fond du roman, qui, très évidemment, est une histoire minutieusement vraie, consiste dans la peinture du caractère de la jeune fille et dans le tracé très exact de son évolution.

Elle est grave et douce de bonne heure ; elle devient sentimentale et méditative vers quinze ans. Elle est profondément altruiste ; elle aime à avoir de l’influence et une salutaire influence sur les enfans moins âgés qu’elle. Elle convertit à la sagesse et à une docilité rationnelle son petit cousin Robert, qui était un petit garnement ; elle… Vous voyez, ce roman est une Sophie. Seulement, c’est une Sophie beaucoup plus vraie et beaucoup plus sensée que celle de Rousseau, à qui il a manqué d’avoir connu des jeunes filles, ou seulement une.

  1. Un volume in-8 ; Plon.