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ajouté à tant d’autres, consterne l’Empereur et les officiers. Dans toutes les gares, ils lisent sur de grands drapeaux, à propos du retour des troupes allemandes, les noms de Wisseinbourg, Wœrth, Sedan et Metz. La tristesse des malheureux Français s’accroît à mesure qu’ils approchent de la frontière. A Cologne, on les reconnaît et on les accueille par des sifflets et des cris injurieux. A Herbesthal, la princesse Mathilde se précipite tout en larmes dans le wagon impérial et se jette au cou de l’Empereur. Elle est en proie à une émotion et une surexcitation extraordinaires. Lui, maître de sa personne, demeure froid et impassible.

C’est alors que le général de Monts prend congé de l’Empereur qui le remercie avec affabilité et le charge de ses hommages pour l’Empereur et l’Impératrice d’Allemagne. Puis il continue son voyage jusqu’à Verviers et Douvres, (où l’Impératrice l’attendait.

Le voilà enfin sur le sol anglais, après six mois de captivité. Il compte y préparer la restauration de l’Empire, soit pour lui-même, soit pour son fils. La mort le frappe en pleines illusions, le 9 janvier 1873. Six années après, l’héritier du trône impérial mourait héroïquement à vingt-trois ans, dans la guerre du Zoulouland.


HENRI WELSCHINGER.