« d’antagonismes qui allaient éclater d’une façon plus abrupte, de combats qui allaient se dérouler d’une façon plus sérieuse ; » et puis il ajoutait : « De quel côté je serai dans ces combats, vous le savez, messieurs. Si je dois présider, je tâcherai de l’oublier. » Il essaierait d’être impartial ; c’est tout ce que le Centre pouvait espérer de lui.
Les violences de presse augmentaient ; on déclarait que les ultramontains n’étaient pas des Allemands ; on les assimilait à des Français, à des Polonais ; une caricature représentait la Germania, journal catholique, affublée d’un bouclier sur lequel figurait, avec le coq gaulois, la devise : Gallia nostra spes ; et les petits « patriotes, » dans les rues de Berlin, commençaient d’insulter les prêtres.
On sentait s’accumuler un orage, mais on ne voyait rien sur l’horizon : d’où viendrait-il, comment éclaterait-il, on ne le savait. Il était question, sans doute, d’un rapport de Hohenlohe sur le mariage civil ; et dans sa fraction, les Bavarois, les Prussiens même, étaient favorables à cette nouveauté ; mais on savait que Bismarck montrait peu d’entraînement, et Lasker redoutait qu’un débat public sur cette question ne provoquât entre « ultramontains » et conservateurs une coalition qu’ensuite peut-être on aurait du mal à dissoudre. On décida donc de se taire, pour le moment. Rien à l’ordre du jour du Reichstag n’évoquait les difficultés religieuses, et pourtant les catholiques s’inquiétaient.
« Les voilà qui crient déjà, raillait Bismarck, ils me rappellent ce gamin qui pleurait avant d’entrer à l’école. — Si tu hurles déjà, lui disait le magister, comment donc hurleras-tu quand je te rosserai ? »
Les catholiques, non plus que ce pauvre gamin, n’avaient tort d’être pessimistes. En août, Bismarck avait excité Lutz ; à l’automne, c’était au tour de Lutz d’exciter Bismarck.
On s’agitait fort à Munich en ce mois d’octobre : dans un appel passionné, le vieux-catholique Zirngiebl dénonçait « la guerre d’extermination entreprise contre la culture allemande, la loyauté et la piété allemandes par un pape qu’avait perverti l’hypocrisie, » et réclamait qu’en face du denier de Saint-Pierre on organisât un « denier allemand ; » et tandis que Zirngiebl invoquait des capitaux, le national-libéral Hertz et quarante-six de ses collègues adressaient à Lutz une façon de sommation ;