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LA RUSSIE NOUVELLE
ET LA
LIBERTÉ RELIGIEUSE

II[1]
LES VIEUX-CROYANTS. — LE RÉTABLISSEMENT

DU PATRIARCAT. — LA CONVOCATION D’UN CONCILE


Si la liberté religieuse a tant de peine à triompher en Russie, c’est, avons-nous vu, que le gouvernement et les nationalistes russes, aujourd’hui plus puissans que jamais, redoutent qu’elle ne profite surtout aux Polonais, aux Israélites, aux Arméniens, aux Tatars, à toutes ces populations d’origine étrangère que les Russes réunissent sous le nom d’« allogènes » (inorodtsy), et que leur patriotisme soupçonne de tendances séparatistes ou fédéralistes. Il serait cependant erroné de croire que la liberté religieuse n’importe qu’aux catholiques, aux protestans, aux juifs, aux musulmans, c’est-à-dire aux 40 ou 50 millions de sujets du Tsar étrangers au sang russe et à la foi orthodoxe. Elle ne serait guère moins précieuse aux Russes et aux orthodoxes eux-mêmes ; et cela, non seulement aux dissidens en révolte contre le Saint-Synode et l’Eglise officielle, mais à cette Eglise elle-même, qui ne peut recouvrer son ascendant sur le peuple

  1. Voyez la Revue du 1er avril.