Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 56.djvu/714

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des cotes d’amour à leurs protégés et décerner à leurs adversaires des cotes de punition. Ainsi, comme l’écrivait M. Paul Leroy-Beaulieu dans cette Revue à la fin de l’année dernière, par le mécanisme même de l’impôt sur le revenu et de la progression des tarifs, il y aurait dans chaque localité un certain nombre de victimes, d’otages livrés sans défense « aux appétits du fisc, aux caprices des Parlemens. »

Est-ce à dire que le système actuel de nos contributions directes soit parfait, qu’il ne doive et ne puisse faire l’objet d’aucune amélioration ? Loin de nous cette pensée ! La révision du cadastre que les populations rurales réclament depuis plus de cinquante ans, la transformation de la contribution personnelle-mobilière pour atteindre d’une manière plus équitable les manifestations extérieures de la richesse, la refonte de certaines dispositions concernant les patentes, sont autant de réformes dont l’adoption ferait disparaître la plupart des critiques que l’on peut justement adresser à notre système fiscal.

Pour réaliser ces réformes, point n’est besoin de bouleverser notre législation, de porter atteinte aux principes de notre droit public, et, — suivant la forte expression de M. Jules Roche, — de forger « un instrument de guerre civile et de discorde » qui, aux mains des partis, risquerait d’être une arme terrible.


CHARLES DE LASTEYRIE.