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ils passent de 20 à 33. Mais l’accroissement le plus important et le plus caractéristique est celui des propriétaires fonciers et des fils de pairs. Le petit groupe aristocratique ne comptait que 89 membres en 1906. Aujourd’hui, il en a 128. C’est la réponse de la campagne anglaise aux attaques contre la Gentry.

Mais cette réponse n’a point été assez unanime pour donner au parti conservateur la majorité. Pour apprécier la valeur de ce succès moral, il importe de rappeler que le suffrage restreint et plural, tel qu’il fonctionne Outre-Manche, constitue pour les tories un précieux avantage. La durée des élections permet à 300 000 personnes environ de voter plus d’une fois, dans des circonscriptions différentes. La complexité de la loi électorale, la longueur de la résidence légale, l’incapacité qui frappe les assistés écartent 4 millions et demi d’adultes mâles sur 12. Malgré ces avantages qui ne seront point éternels, les conservateurs ne sont pas arrivés à enrayer, en quatre ans, la poussée démocratique de 1906. Comme celle de 1832, elle ne cédera qu’à l’usure du temps et à la lassitude de la victoire.

Dans le Parlement de 1910, les Unionistes, avec leurs 273 voix, restent bien au-dessous du niveau atteint dans les élections générales antérieures. Je ne parle pas des Communes conservatrices de 1900, 1895, 1886 et 1871. Dans les Chambres libérales de 1868 et 1892, les Leaders tories disposaient de 279 et de 315 votes. Il n’y a qu’en 1880 et 1885, lors des derniers succès de Gladstone, que les adversaires des réformes démocratiques ont été plus mal partagés : ils n’étaient que 238 et 250.

Après avoir jeté un regard sur le passé, feuilletons les cartes. Laissons de côté celle d’Irlande. Si on teinte de bleu et de rouge, conformément à l’usage, les circonscriptions galloises et écossaises, qui ont élu un conservateur ou un ministériel, soit radical, soit ouvrier, on constate que les provinces celtiques deviennent de plus en plus les terres nourricières de l’idéalisation démocratique. Jamais, depuis 1832, sauf en 1880 et en 1906, la principauté de Galles et le royaume d’Ecosse n’ont envoyé à Westminster un plus petit nombre de mandataires tories. On peut suivre, sur la carte des régions proprement anglo-saxonnes, le rayonnement de ces ondes parties de l’Ouest et du