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rangée de sapins, passera devant les grands escaliers qui conduisaient jadis les nobles compagnies du canal à la ménagerie ; puis, continuant à longer le mur, il découvrira tout à coup, à travers les sapins, les toits pointus des deux pavillons de la Duchesse de Bourgogne et, sur le second pavillon, les amorces de la petite laiterie qui lui était accolée. Poursuivant son chemin et laissant à sa gauche l’ancien logement du jardinier qui touche au mur de la « cour de la Volière, » il contournera l’extrémité d’étables en mauvais état, restes de l’École d’économie rurale de l’an VI ; il côtoiera le mur de la « cour des Cerfs du Gange » et celui du « jardin d’en bas ; » puis, arrivé à un chemin qui, à travers le parc, va à la ferme de Galie, il tournera à gauche et se trouvera dans l’enceinte même de la ménagerie.

Tout de suite le regard de ce visiteur sera attiré par une petite porte ménagée dans le mur de droite et au-dessus de laquelle il apercevra ce distique gravé en lettres bleues dans la pierre blanche :


Une retraite heureuse amène au fond des cœurs
L’oubli des vains désirs et l’oubli des malheurs.


C’est une inscription que Boissy d’Anglas avait fait placer à l’entrée de sa propriété de Bougival, dite le Val d’Anglas, et que M. Gordon Bennett, le locataire actuel du pavillon de la « Lanterne, » a fait mettre en cet endroit il y a cinq ou six ans.

Nous ne décrirons pas en détail les vestiges de la ménagerie ; nous en avons indiqué le chemin, tout le monde peut aller les voir, et, dans leur délabrement actuel, tout le monde peut s’assurer que ces ruines ne sont pas encore tout à fait mortes. Clôtures extérieures et intérieures, bassins, puits, aqueduc et canalisations donnant toujours de l’eau, pavillons avec œuvres d’art datant du grand règne, cours d’animaux, avec leurs anciennes limites, étables, écuries et bâtimens d’habitation avec jardins pour le personnel, tout cela est encore là et peut être rendu à la vie. Y aurait-il intérêt à le faire ? Nous avons réfléchi longuement à cette idée ; nous en avons parlé dans divers milieux et, fortement encouragé par quelques personnes généreuses qui aiment Versailles, qui se plaisent aux grands souvenirs et croient pouvoir y trouver encore aujourd’hui des utilisations pratiques, nous l’avons lancée au mois d’août dernier, avec succès, devant l’Association française pour l’avancement des sciences réunie en