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La crue de la Seine
et la
géologie hydrologique

L’inondation qui vient de se déchaîner, dans le bassin hydrographique de la Seine et à Paris, a causé dans le monde entier une émotion profonde. « C’est une pensée très triste et douloureuse que d’imaginer la belle ville, la splendide ville envahie par les eaux. C’est un malheur pour l’humanité, comparable au désastre qui a frappé notre île l’année dernière, » nous écrit un habitant de Palerme, artiste et savant à la fois, le marquis Antonio de Gregorio, et sa lettre est l’écho du sentiment universel. Au milieu des désastres si fréquens qui se produisent sous tant de cieux, on n’est pas accoutumé à voir Paris soumis à la loi commune. Qu’il soit privé de lumière et de moyens de transport, que les communications soient entravées entre ses différens quartiers et avec le reste de l’univers, voilà qui semble anormal, et tout le monde s’est senti touché par le mal qui l’atteint. La preuve en est dans l’élan sans pareil de la souscription internationale au secours des inondés et dans le chiffre qu’elle a atteint. On parlera longtemps sur toute la terre des Champs-Élysées changés en lac, des rues de Lille et de l’Université composant une nouvelle Venise, de la place du Havre s’effondrant sous l’action des ruissellemens, car en tous lieux, ces noms sont, aussi familiers qu’à nous-mêmes.