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LA
FAIBLESSE HUMAINE[1]

DEUXIEME PARTIE[2]



V

Les jours suivans, un air chargé d’électricité souffla, le temps courut ; les choses, les êtres prirent un aspect insolite. On vit à la Pierre Bleue des visages nouveaux. Dopsent serait député ; sa persuasion tenace refoulait la résistance de sa femme.

Devant elle, il avait donné sa parole à Méjannes, petit vieillard à tête de rat blanc, pointu par le haut du corps, gros et gras par le bas, dont les paupières et la bouche se plissaient avec une astuce inquiétante. Type du parlementaire de métier, rompu aux intrigues de couloir, courtier d’affaires, promettant le plus et tenant le moins, fournisseur d’emplois et de palmes, il déplut souverainement à Mme Dopsent. Certes elle eût préféré un autre patronage. Mais que pouvait-elle ? Elle s’était posé cent fois la question. Comment empêcher Maurice de commettre cette folie, qui semblait raisonnable à presque tous leurs amis, même à Stamar, si désabusé pourtant. Elle aimait son grand homme, tenait à le savoir heureux, et s’il ne pouvait l’être autrement, que faire, sinon céder pied à pied, ne pas approuver

  1. Copyright by Plon-Nourrit.
  2. Voyez la Revue du 15 février.