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en a accepté les risques. Cependant il n’était pas sans quelque espoir de rencontrer, sinon des concours formels, au moins une neutralité sympathique de la part de certains hommes politiques, et notamment de son parent, le comte Étienne Tisza, chef des vieux libéraux, adversaire du parti de 1848 ; mais M. Tisza combat le suffrage universel direct que le ministère a fait entrer dans son programme. Le comte Khuen s’est tourné alors du côté du comte Andrassy : mais le comte Andrassy est partisan du vote plural et d’une nouvelle division des circonscriptions électorales que le ministère exclut de son programme. Le comte Tisza et le comte Andrassy ne pourront être que des amis lointains, intermittens et peu fidèles, si même ils restent des amis. Quant au parti de 1848, il s’était coupé en deux pendant le ministère Weckerle dont M. François Kossuth était membre. Contre M. Kossuth s’était formé un nouveau groupe, sous la conduite de M. Justh. Le comte Khuen pouvait donc croire qu’il trouverait quelque appui auprès de l’un, ou auprès de l’autre, et plus vraisemblablement auprès de M. Kossuth dont les idées s’étaient très modérées au pouvoir. Mais M. Kossuth a senti tout de suite qu’à jouer ce jeu il serait abandonné de tous ; il est rentré dans le rang ; il a suffi de la présence du comte Khuen-Hedervary au gouvernement pour ramener l’union dans le parti de 1848.

Que reste-t-il donc au comte Khuen ? Rien dans le parlement. Le parlement a donc été mis en vacances et des élections nouvelles sont inévitables. Qu’en sortira-t-il ? L’Empereur et Roi est obstiné et tenace, mais la Hongrie est résolue et violente. Elle ne peut pas être gouvernée comme la Croatie. La crise est ouverte et peut-être, cette fois, n’est-il pas impossible de prévoir comment elle se terminera.

Francis Charmes.


Le Directeur-Gérant,


Francis Charmes.