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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE AMIE DU GRAND FRÉDÉRIC : BARBERINA CAMPANINI


Barberina Campanini, eine Geliebte Friedrichs des Grossen, par Jean-Jacques Olivier et Willy Norbert, 1 vol. in-8, illustré, Berlin, 1910.


Les visiteurs de la célèbre Exposition d’art français inaugurée, l’autre semaine, à Berlin ont dû voir là, j’imagine, quelques-uns des nombreux portraits de la Barberina exécutés jadis, pour le Grand Frédéric, par Antoine Pesne. Mais, avec son désir de flatter la passion de son maître royal pour la ballerine, l’honnête artisan rouennais s’est toujours cru tenu de représenter celle-ci suivant le goût « poétique » de Watteau, ou tout au moins de Lancret, au lieu d’appliquer à ce brillant modèle sa propre manière habituelle de traiter le portrait, qui était une manière un peu lourde et bourgeoise, à coup sûr, mais encore tout imprégnée des solides traditions françaises du siècle précédent : de telle sorte que ni son Concert et sa Danse en plein air, ni sa Galatée, ni même ses deux portraits de Barberina avec un tambourin ne nous permettent de saisir les traits et l’expression authentiques de la jeune femme, sous l’effort trop évident de l’auteur à rappeler les Fêtes galantes de l’inimitable peintre-poète de Valenciennes, comme aussi la piquante Camargo du plus adroit de ses successeurs. Heureusement, nous possédons de la Barberina, parmi la foule des portraits peints ou gravés aux divers momens de sa longue carrière, deux autres images caractéristiques, aussi différentes que possible par leur mérite d’art et par l’intérêt pittoresque de leurs sujets, mais