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V. — LA POLITIQUE FINANCIÈRE NOUVELLE ET L’EMPRUNT DE 1909

Une fois que le premier budget constitutionnel eut dégagé certains élémens d’une situation profondément obscure jusque-là, le ministre des Finances, Djavid bey, qui avait succédé au printemps 1909 à Rifaat bey, jugea que la meilleure politique à suivre serait de couvrir le déficit par un emprunt. En effet, il ne voulait, avec raison, établir aucun impôt nouveau dans la période transitoire où l’on se trouve et il savait que les réformes administratives dont il poursuit l’application ne portent leur fruit que peu à peu. Il s’attacha d’ailleurs, avec une énergie remarquable, à ce dernier point de son programme. Déjà de jeunes fonctionnaires ottomans travaillaient à Paris, au ministère des Finances, traversant les divers services, s’initiant aux rouages multiples de l’administration, se préparant à remplir, sous la direction de notre compatriote Jolly, contrôleur de l’Empire, le rôle d’inspecteurs des finances qui les attend dans leur pays. D’autres jeunes gens, après avoir passé des examens au Malieh (ministère des Finances), viendront rue de Rivoli remplacer la première équipe de ces apprentis inspecteurs et rapporteront à Stamboul un nouveau contingent de fonctionnaires instruits, capables de seconder le chef du département.

En même temps, une commission, dans laquelle siège entre autres notre compatriote Steeg, ministre plénipotentiaire, autrefois consul général et conseiller financier à Salonique, où l’ancien grand vizir Hilmy avait eu occasion de l’apprécier, étudie la réforme de la comptabilité et prépare les règlemens qui devront être mis en vigueur. Mais l’effet de ces mesures ne saurait être immédiat, et le rendement meilleur des taxes existantes qu’elles amèneront certainement ne se fera sentir que dans les budgets futurs. Il y avait donc lieu de recourir au crédit. Djavid bey s’y décida.

Dans le très louable désir de rompre avec certains erremens du passé, il voulut que les négociations relatives à l’opération fussent menées au grand jour : il fit connaître, par la voie de la presse, son intention d’emprunter 7 millions île livres turques, en donnant pour gage aux souscripteurs les divers revenus d’ensemble 350 000 livres précédemment affectés à la garantie du paiement de l’annuité, que la Turquie s’était engagée à payer à