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seconde efficacement l’action de l’éminent directeur général des revenus concédés à la Dette publique, notre compatriote Pissard.

Dans le dernier rapport qu’il adresse, selon l’usage, aux créanciers anglo-néerlandais qu’il représente plus spécialement, le délégué britannique, sir Adam Block, explique l’importance des services de la Dette et affirme la modicité de ses frais comparés à l’étendue et à la multiplicité des tâches qui lui incombent : il cite en exemple le monopole du sel qui, à lui seul, exige 200 dépôts. Il accorde un juste tribut d’éloges à l’œuvre des Jeunes-Turcs : les sommes considérables autrefois détournées vers le Palais sont mises maintenant à la disposition de l’État, et les revenus des immenses propriétés de la liste civile ont fait retour au ministère des Finances. D’autre part, la charge des impôts, qui ne représente guère qu’une livre turque par tête, est légère.

Nous allons passer à l’étude des recettes perçues directement par le gouvernement et donner quelques indications sur l’organisation monétaire, qui est des plus défectueuses et réclame une prompte et énergique réforme.


IV. — LA MONNAIE ET LE BUDGET

L’unité monétaire turque est la livre d’or, qui vaut 22 fr. 80 de notre monnaie : elle se divise théoriquement en cent piastres et chaque piastre en quarante paras. Mais cette équivalence de la livre est loin d’être stable, et le nombre de piastres que l’on donne ou reçoit par unité est extraordinairement variable sur les divers points du territoire et selon les époques. Aussi le système actuel aurait-il besoin d’une refonte, indispensable tout d’abord à cause du mauvais état d’un grand nombre de pièces divisionnaires. En outre, par suite de la difficulté des communications entre les diverses parties de l’Empire, certaines espèces de monnaies s’accumulent sur des points déterminés, alors qu’elles font au contraire défaut dans d’autres régions : il en résulte un change intérieur, dont les écarts atteignent des proportions invraisemblables. Au tarif normal, la livre turque s’échange en ce moment contre 108 piastres d’argent ; mais selon que ces piastres, qui forment l’instrument courant des échanges quotidiens, abondent ou sont rares, la quantité qui s’en obtient pour une livre varie du simple au double. Et ce n’est pas seulement dans les parties éloignées de l’Empire, là où les