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orientale, pour prêts garantis par les recettes télégraphiques et l’impôt de l’équipement militaire, aux Compagnies de chemins de fer d’Anatolie et de Bagdad, à la Société des câbles de Kustendje, à celle des quais et des phares de l’Empire. En dehors de cette Dette flottante inscrite au budget, il en existe une autre dont il est difficile de déterminer le montant : elle se compose des sommes dues aux fournisseurs et fonctionnaires ottomans et des dettes léguées par l’ancienne liste civile d’Abdul-Hamid, dont le règlement, selon l’expression même du ministre des Finances, constitue un problème inextricable. Nombreux sont les porteurs de sourets, c’est-à-dire de papiers constatant leur créance vis-à-vis du Trésor, qui ont, à un certain moment, fait à Galata l’objet de trafics animés : M. Charles Laurent avait demandé qu’un délai fût fixé après lequel aucune réclamation ne serait admise. Il n’a pas été donné suite à cette proposition qui étonnait les Turcs, dans le cerveau desquels l’idée de la prescription n’entre pas.

En dehors des revenus qu’il perçoit pour son compte, le Conseil de la Dette a été chargé d’en encaisser d’autres, affectés aux garanties d’intérêt de chemin de fer et au gage de certains emprunts : tel est le cas pour les chemins de jonction Salonique-Constantinople, d’Anatolie, de Salonique-Monastir, de Smyrne-Cassaba, de Damas-Hamah, la première série de celui de Bagdad, l’emprunt des pêcheries de 1903, l’emprunt de consolidation de 1890, l’emprunt 5 pour 100 1894 gagé par la taxe des moutons de divers vilayets, l’emprunt de 1905. Le Conseil recouvre aussi, pour le compte du ministère des Finances, diverses dîmes secondaires, telles que vallonées (gland du chêne), opium, Comme adragante, dans les sandjaks dont les dîmes principales (céréales) sont déjà affectées à d’autres garanties encaissées par lui ; il perçoit, pour compte du ministère de l’Instruction publique et de la Banque agricole, le droit supplémentaire de 1,485 pour 100 (Hissei-Jane) sur la soie et les tabacs. Ces diverses recettes se sont élevées en 1907-8 à 2 300 000 livres, si bien que le total des encaissemens effectués par l’administration de la Dette atteint la somme de 6 millions et demi de livres, soit environ 150 millions de francs, égale au quart des rentrées qui se font directement dans les caisses publiques.

La Dette, comme on la désigne par abréviation, a donc élargi peu à peu le cadre de son activité. Et le n’était d’abord qu’une sorte de fidéi-commissaire chargé de gérer, pour compte des créanciers