Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 55.djvu/892

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont à voie normale européenne, 144 centimètres d’écartement. Il n’en est pas de même de ceux d’Aïdin, de Smyrne-Kassaba, de Damas-Hamah et prolongemens, de Mersmé-Adana, de Jaffa-Jérusalem, de Moudaniah-Brousse. Le chemin de fer du Hedja/, qui part de Damas et se dirige au sud en jetant vers l’ouest l’embranchement Deraat-Caïffa, est dû à l’impulsion du sultan Abdul-Hamid, qui y voyait un instrument au service de sa propagande panislamique, lui permettant d’amener plus aisément les pèlerins à la Mecque : il a une longueur de plus de 1 500 kilomètres à voie étroite (105 centimètres).

Cet ensemble de lignes a été construit de façons diverses et par des méthodes dissemblables. Au début, le gouvernement concéda ce qu’on appelait alors les chemins de fer ottomans à un entrepreneur, à qui il paya les travaux au moyen de la remise de 1 980 000 obligations connues sous le nom de Lots turcs et qui constituent une dette directe du Trésor ; plus tard, le système des concessions à des compagnies particulières fut en vigueur : il impliquait l’octroi de garanties kilométriques, données le plus souvent sous la forme de dîmes abandonnées aux concessionnaires ; d’autres lignes ne comportent pas de garanties ; enfin le chemin de fer du Hedjaz a été construit aux Irais du gouvernement, aidé de souscriptions recueillies dans le monde musulman. D’une façon générale, et malgré les fautes inséparables d’entreprises de ce genre sous un régime tel que celui qui fut en vigueur à Constantinople de 1876 à 1909, la charge totale que le pays supporte du chef de ses chemins de fer n’a rien d’excessif : ainsi que le fait remarquer notre compatriote Alexis Rey dans l’excellent travail annuel qu’il consacre à la statistique de l’exploitation, les sommes versées au titre des garanties par l’État ne dépassent pas 20 millions de francs, desquels il y a lieu de déduire la redevance de 3 millions payée par la Société des chemins orientaux pour prix de la cession des lignes situées en territoire bulgare, Moustapha Pacha-Vakarel et Tirnovo-Yamboli. D’autre part, il convient d’y ajouter l’annuité que coûte à la dette publique l’amortissement des lots turcs, qui s’élève à 8 millions et demi et qui, d’ici à une trentaine d’années, aura suffi à éteindre complètement le service de ces obligations : la charge annuelle des chemins de fer représente donc dans le budget environ 25 millions de francs, soit 3 pour 100 à peu près des dépenses totales. L’ensemble des recettes en 1908 a été de 56