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FINANCES OTTOMANES

LES DEUX PREMIERS BUDGETS CONSTITUTIONNELS

Parmi les nombreux problèmes qui s’imposent aux Jeunes-Turcs, il n’en est guère de plus pressant que celui de la gestion financière. Essentielle dans tous les Etats, elle l’est encore davantage là où un gouvernement nouveau vient de s’installer et doit prouver d’une façon tangible qu’il apporte une amélioration à l’ordre de choses préexistant. Sous ce rapport, d’ailleurs, la tâche n’était pas très difficile pour les ministres du sultan Mehemed V : en dehors des revenus gérés par l’administration internationale de la dette publique, le désordre et l’arbitraire régnaient à un tel point dans la perception des impôts et les dépenses publiques que le moindre progrès devait soulager les populations et leur démontrer qu’il y a quelque chose de changé dans l’empire du Padishah. Le moment est donc venu d’examiner comment se présente la situation financière et économique de la Turquie, quels sont ses élémens de prospérité, dans quelle situation se trouvent ses finances, mal connues jusqu’ici, à l’exception de la partie qui en était gérée par le Conseil européen de la Dette, et ce que nous devons attendre de l’avenir et des réformes à l’exécution desquelles les nouveaux ministres se sont courageusement dévoués.


I. — SITUATION ÉCONOMIQUE : PRODUCTION ET TRANSPORTS

La Turquie est avant tout un pays agricole, et c’est au développement de l’agriculture que, très sagement, le gouvernement