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mois ; si la guerre se prolongeait au-delà de cette durée, comme ce fut le cas au Transvaal, il y aurait lieu de faire appel à la bonne volonté des territoriaux qui, ayant alors subi un entraînement intensif de six mois, ne seraient nullement déplacés dans les rangs de l’armée régulière. L’idée est très juste. Je crois qu’il n’est jamais entré dans la pensée de M. Haldane de retenir sur place la force expéditionnaire pendant plusieurs mois ; connaissant l’organisation de l’armée territoriale, nous sommes convaincu que celle-ci sera mise sur le pied de guerre en même temps que l’armée régulière ; sinon, pourquoi donc aurait-on pris tant de soin pour la rendre instantanément mobilisable ?

Lord Roberts, tout en appréciant le grand effort fait pour la réorganisation militaire, est d’avis que « jamais l’armée territoriale, ni comme nombre, ni comme entraînement, ne pourra remplir la tâche que l’on attend d’elle sans l’adoption du service obligatoire… « Il ne faut, dit le maréchal, guère moins d’un million d’hommes pour la défense du territoire. » Le système de milice qu’il préconise est le suivant. Le service obligatoire peut fournir chaque année un contingent de 150 000 hommes environ ; la force territoriale se composerait de quatre classes, soit environ 405 000 hommes en tenant compte des déchets. Les miliciens seraient astreints, la première année, à une période d’exercices de quatre mois pour l’infanterie, de six mois pour la cavalerie et l’artillerie, et, les trois années suivantes, à quinze jours d’entraînement dans un camp. En cas de guerre, on rappellerait 500 000 hommes des classes antérieures, ce qui porterait à 900 000 l’effectif de la milice anglaise susceptible de s’opposer à une invasion.

Le noble lord qui critique avec vivacité le manque d’officiers dont souffre l’armée territoriale actuelle et qui insiste sur l’absolue nécessité d’un solide encadrement, ne dit pas comment il réalisera celui d’un million de miliciens, alors qu’aujourd’hui on trouve difficilement les officiers et les sous-officiers nécessaires aux 315 000 hommes de l’armée territoriale. Le maréchal trouve tout à fait insuffisant l’entraînement des territoriaux actuels, qui sont appelés tous les ans à des manœuvres dans les camps, et son armée de milice sur pied de guerre compterait plus de moitié de soldats n’ayant fait aucun service depuis plusieurs années. Nous ne croyons pas que, dans ces conditions, 900 000 soldats servant par contrainte et très médiocrement